Le biais cognitif de l’aversion à la perte

By Siegfried HAACK

Aversion à la perte

Peut-on parler d’opportunité sans risque ? Que vous souhaitiez à changer de carrière, que vous désiriez entreprendre ou investir en bourse, chaque décision que vous prenez comporte sa propre part d’incertitude. Et vous cherchez alors à éviter ces derniers de toutes vos forces alors que la récompense potentielle peut être importante.
Ce comportement se nomme l’aversion à la perte.

Comprendre ce qu’est l’aversion à la perte

Identifiée pour la 1ère fois en 1979 par 2 psychologues, Amos Tversky et Daniel Kahneman, l’aversion à la perte est un phénomène que nous connaissons tous dans notre vie.

Les 2 scientifiques ont remarqué que la douleur de perdre quelque chose est jusqu’à 2 fois supérieure au plaisir de gagner son équivalent.

Concrètement, si vous perdez 100 €, l’émotion sera ressentie avec deux fois plus de force que si vous aviez gagné cette même somme.

Il est tout à fait normal de ne pas aimer « perdre » quelque chose ou de faire un mauvais choix.

Toutefois, le problème est qu’en cherchant toujours à minimiser les risques, cela conduit parfois à une conduite irrationnelle.

Et, à juste propos, c’est en voulant éviter de perdre quelque chose que l’on finit généralement… par le perdre.

Qu'est-ce que l'aversion à la perte ?

Qu’est-ce qui explique l’aversion à la perte ?

L’aversion à la perte est un phénomène qui est le fruit de plusieurs facteurs à la fois culturels et socio-économiques, mais aussi neurologiques.

Les facteurs neurologiques

C’est notamment à cause du fonctionnement de notre cerveau que nous connaissons cette aversion à la perte.

Dans les faits, quand vous avez peur, vous sollicitez trois zones de votre cerveau :

  • L’amygdale : cette zone du cerveau traite la peur. Elle se met en alerte quand nos sens détectent quelque chose d’inhabituel (peur dans l’avion, peur devant une araignée ou un serpent, etc.).
  • Le striatum : c’est la zone cérébrale qui prend la décision. Elle s’active au moment où vous perdez quelque chose ou quand vous la gagnez. C’est aussi ici que se décident les anticipations pour éviter les éventuelles pertes.
  • Le cortex insulaire : cette zone réagit au dégoût. Le cortex insulaire travaille avec l’amygdale pour éviter de reproduire les mêmes erreurs. Donc plus vous anticipez une possible perte, plus cette zone s’active.

Les facteurs socio-économiques

Selon votre environnement ou votre classe sociale, vous êtes plus ou moins victime de ce biais cognitif.

Les individus qui possèdent du pouvoir, de l’argent ou ont beaucoup de réseaux s’avèrent généralement moins sensibles à l’aversion à la perte. Elles savent mieux encaisser les coups durs. Si elles devaient perdre quelque chose, elles sauraient s’en remettre plus rapidement.

Ce sont aussi des personnes qui sont capables de prendre des risques modérés pour un retour important, contrairement à la majorité de la population.

Les raisons de l'aversion à la perte

Les facteurs culturels

Enfin, la troisième cause de l’aversion à la perte s’avère culturelle.

En fonction de votre culture, vous êtes plus ou moins sujet à ce biais.

Ainsi, les pays européens sont plus sensibles à ce biais que les pays d’Afrique par exemple et cela s’explique par la différence de mentalité sur le plan collectif et au niveau individuel.

Si les pays africains tendent à avoir un esprit plus collectif — un individu saura plus facilement trouver un soutien auprès de sa famille ou de ses amis, voire de sa communauté — les personnes en Europe s’avèrent plus individualistes.

L’esprit d’entraide est moins développé donc la peur de perdre quelque chose est plus importante.

Comment surmonter votre aversion à la perte ?

  • Prendre des risques : vous serez alors capable de passer vos peurs et de prendre des décisions rationnelles.
  • Raisonner sur le long terme : vous créez de la perspective et vous ne vous arrêtez plus aux conséquences à court terme.
  • Pratiquer la visualisation positive : loin d’avoir une vision béate des choses, il importe de « paramétrer » votre cerveau à voir le bon côté des choses, à vous dire que le meilleur peut arriver (tout en gardant dans un coin de votre esprit ce côté rationnel qui consiste à avoir conscience des choses qui vous effraient).
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